LHJMQ. C’est le début d’une nouvelle ère chez les Voltigeurs. Dans une transaction qui restera dans la tête et le cœur des partisans drummondvillois, le capitaine et produit local Charles-David Beaudoin a pris le chemin de Rimouski, mercredi, là où il pourra aider l’Océanic dans sa quête des grands honneurs.
Dans un geste qu’il a qualifié de nécessaire pour l’avenir de l’organisation, le directeur général Dominic Ricard a sacrifié son valeureux défenseur de 20 ans. En retour, il a touché le gros lot, mettant la main sur des choix de 1re ronde en 2015 et de 2e tour en 2016 ainsi que sur l’espoir de 16 ans Jarrod Shipley.
«Pour justifier mes décisions, j’ai l’habitude de regarder et écouter attentivement ce qui se passe dans l’équipe durant les trois premiers mois de la saison. J’observe comment le club performe, mais surtout comment il réagit dans l’adversité. Dans les dernières semaines, les blessures et notre inconstance m’ont amené à prendre une décision, celle de regarder vers le futur et de prendre un virage jeunesse», a expliqué Dominic Ricard lors d’une conférence de presse tenue au Centre Marcel-Dionne.
Pour rebâtir les Voltigeurs, Ricard a donc choisi de sacrifier celui qui a été le cœur et l’âme de l’équipe ces cinq dernières saisons, depuis qu’il a été repêché au premier tour en 2010 en plein Centre Marcel-Dionne. Au moment où sa carrière junior tire à sa fin, Beaudoin aboutit quant à lui dans une destination rêvée, au sein d’une puissance qui aspire à rien de moins que soulever la Coupe Memorial le printemps prochain.
«Charles-David était notre joueur de 20 ans le plus convoité, a révélé Ricard. Non seulement à cause de son talent, mais surtout en raison de son expérience, son leadership et son caractère. À Rimouski, il se retrouve avec la meilleure équipe de la ligue selon moi. C’est une solide organisation qui a déjà gagné des championnats. Ils sont les mieux outillés pour gagner la Coupe Memorial cette année. C’est sans compter que Charles-David nourrit le rêve de décrocher un contrat professionnel depuis qu’il a été au camp du Canadien. Cette saison, la machine de l’Océanic est mieux outillée que la nôtre pour l’aider à atteindre ce but.»
Pourtant, il y a à peine trois semaines, à la veille du voyage dans les Maritimes, Ricard avait assuré à son défenseur qu’il ne l’échangerait pas.
«Je suis un battant. J’aime bien mieux entourer nos joueurs pour les aider que le contraire. Mais les derniers jours m’ont fait changer d’idée. On dirait que la vie nous envoyait des messages. Chaque fois qu’on semblait s’en sortir, un joueur se blessait. Je me suis rendu à l’évidence», a partagé le dg, en soulignant c’est la première fois en dix ans de carrière qu’il échange un Voltigeur repêché aussi tôt.
Mais pourquoi alors ne pas avoir attendu vers la fin de la période des échanges, en janvier, pour faire monter les enchères? «Je m’étais fixé un prix. Comme le prix était bon et que c’était une bonne organisation, j’ai bougé. D’ailleurs, Charles-David est le défenseur de 20 ans monnayé au plus gros prix ces dernières saisons. Pourquoi? À cause de qui il est. C’est sa personnalité qui le rend si précieux. Serge Beausoleil connaît bien les intangibles nécessaires pour gagner, tels que le caractère et le leadership.»
«On lui souhaite la Coupe»
Pour toutes ces raisons, Ricard était donc habité par des sentiments partagés quand il a annoncé la nouvelle à son protégé.
«D’un côté, c’est intéressant de mettre la main sur des actifs importants pour le futur de l’organisation. D’un autre côté, on a un deuil à faire. On ne perd pas juste un grand joueur, mais une grande personne. Charles-David, on l’a vu grandir et traverser de l’adversité au fil des ans. Sa force de caractère, son ambition, ses habitudes de travail et de vie l’ont amené là où il est rendu.»
«Aujourd’hui, on veut simplement le remercier pour tous les sacrifices qu’il a accomplis pour l’organisation. À tous les niveaux, l’attitude de Charles-David a été exemplaire. Il a déjà accompli plusieurs grandes choses, en étant le premier Drummondvillois à devenir capitaine des Voltigeurs et à gagner le trophée Marcel-Robert. On lui souhaite maintenant du plus profond de notre cœur de devenir le premier Drummondvillois à gagner la Coupe du Président et la Coupe Memorial. Il le mérite», a lancé l’homme de hockey, qui ne prévoit pas désigner de nouveau capitaine cette saison.
À présent que ce douloureux passage est enclenché, Dominic Ricard se dit résolument tourné vers l’avenir. Il n’écarte donc pas la possibilité d’échanger ses autres vétérans, dont Jérome Verrier, pour accélérer le processus de reconstruction.
Si le reste de la présente campagne s’annonce pénible pour les Voltigeurs, qui stagnent au 14e rang du classement général, Ricard estime avoir en main les outils nécessaires pour bâtir une équipe prétendante aux grands honneurs d’ici deux ans.
«On est conscient ce ça va être difficile par moments d’ici la fin de la saison. Tu ne laisses pas partir un leader de cette trempe sans en subir les contrecoups. Notre seul objectif pour l’instant, c’est donc de faire les séries éliminatoires. On va faire face à de l’adversité, mais on va tout faire pour y arriver. Les résultats seront plus difficiles à obtenir, mais on va se concentrer sur l’attitude des joueurs. Nos jeunes de 18 ans et moins ont besoin de se développer. Pour ça, ça prend de la patience et du positivisme.»
«Le but ultime, c’est d’avoir une équipe à maturité en 2016-2017», a conclu le dg, bien au fait que le tournoi de la Coupe Memorial reviendra au Québec cette année-là… peut-être même à Drummondville si les travaux d’agrandissement du Centre Marcel-Dionne se concrétisent d’ici-là.
Emballé par Shipley…
Dominic Ricard s’est montré emballé par l’acquisition de Shipley, un choix de 4e tour de l’Océanic l’été dernier qui évolue actuellement dans les rangs midgets AAA au Nouveau-Brunswick. Le dg a comparé ce jeune défenseur droitier de 6 pieds et 210 livres à Andrew Randazzo, membre de l’édition championne des Voltigeurs en 2009. «Shipley est plutôt défensif et très fort physiquement. Il est très difficile à affronter dans les coins de patinoire et devant le filet.»
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